Florence LEMAIRE Auteure    

               

Me voilà à nouveau lancée dans l'écriture d'un nouveau roman. Il est déjà bien avancé puisque j'en suis à près de 60 pages. Je progresse plutôt bien et suis assez satisfaite de la tournure que prend l'histoire. Vous retrouverez dans ce nouveau roman certains personnages de Bon retour en enfer...

Voici un petit extrait comme un avant goût amer :

18 février 1991
 

 
Le ciel était particulièrement chargé en cette matinée d’hiver. Il était un peu plus de 10 heures du matin mais on se serait cru au crépuscule, quand le jour agonise pour laisser la place à une nuit sans reflet. Dans la rue, quelques aboiements se faisaient entendre au loin. De lourdes gouttes s’abattaient sur le sol gelé. La rue devant la maison était désertée. Un cordon de sécurité avait été installé quelques instants plus tôt pour bloquer la circulation à tout le quartier. La police ne voulait pas de bavure. Quelques voisins étaient sortis de chez eux et attendaient devant le cordon. Les journalistes aussi étaient présents. Plusieurs camionnettes étaient stationnées sur les trottoirs. Ils suivaient en direct les opérations et commentaient chaque mouvement.
Quand les hommes du Raid pénétrèrent dans la maison après avoir défoncé la porte d’entrée, il régnait un silence presque palpable. Rien ne bougeait. Les restes d’un petit déjeuner trainaient sur la table de la cuisine. La cafetière crachait quelques volutes de fumée. Des vêtements d’enfant avaient été balancés sur le canapé en velours du salon. Un cadre fracassé se tenait le long du mur du couloir. Des morceaux de verre gisaient à quelques centimètres. Les hommes se regardèrent en silence. Ils agissaient en se faisant des gestes précis. Pas un mot échangé. Le regard suffisait pour déduire ce qui avait pu se passer ici. Où étaient donc passés les occupants des lieux, deux adultes et deux enfants ?
Pourtant, ils savaient que la maison était occupée.
Depuis de longues heures, ils surveillaient l’intérieur à l’aide d’une caméra à infra rouge. Trois formes mouvantes se découpaient sur leurs écrans. Ils ne voulaient pas précipiter les choses. La vie de deux petites filles en dépendait. Depuis peu, les formes avaient disparu des radars. Le sang de l’équipe s’était figé dans les lumières s’étaient éteintes. Les enquêteurs soupçonnaient un massacre suivi d’un suicide. Il était plus que temps d’agir et d’affronter la réalité. Cette affaire tournait au fiasco.
 
2ème extrait :

Tout avait commencé quelques jours plus tôt.
 
Madame Rosenfel se leva la première comme tous les matins. Institutrice en primaire dans une école de la ville, elle aimait profiter de ces quelques minutes seules dans la maison avant de réveiller tout son monde. Elle descendit les marches en marbre de la maison familiale sans faire le moindre bruit, puis se dirigea vers la cuisine à l’autre bout de la grande bâtisse. Elle prépara le café et le petit déjeuner de ses filles. Comme un rituel, elle but une première tasse, seule, en regardant le journal que son voisin lui avait déposé sur le pas de la porte de derrière, comme tous les matins. Elle prit son temps. Rien ne pressait. Elle sirota le jus épais en prenant connaissance des dernières nouvelles du monde. Rien de bien réjouissant, comme d’habitude.
 
Elle referma son journal, termina sa tasse de café qu’elle déposa sur la table, et prépara les bols des filles. Puis, elle remonta les escaliers et alla prendre sa douche. Une douche revigorante et tonifiante. Elle s’habilla avec plus de hâte. Le temps s’égrenait plus vite tout d’un coup. En se regardant dans le miroir dont elle nettoya la surface embuée, elle fut prise d’une angoisse. D’habitude, ses filles étaient déjà debout à cette heure. Elle les entendait depuis la salle de bains. Elles s’amusaient dans leur chambre jusqu’à ce que leur mère vienne les chercher pour le petit déjeuner. Mais là, aucun bruit ne lui parvenait. Elle trouva cela très étrange. Quelque chose n’allait pas. Elle le sentait au fond de son être. Il était arrivé quelque chose. A moitié habillée, elle se précipita dans la chambre des filles.
 
Elle trouva porte close. Cette fois son angoisse était perceptible. Les filles ne supportaient pas de dormir la porte fermée. Il fallait qu’elle reste entrebâillée de quelques centimètres. Entendre la vie dans le reste de la maison les rassurait. Les petites filles, des jumelles de sept ans n’avaient pas le même caractère. Anaïs, l’ainée, avait un tempérament plus marqué que sa cadette de quelques secondes. Gaëlle était plus effacée, plus secrète. Pourtant toutes les deux avaient peur du noir, depuis que leurs parents avaient décidé de les séparer pour la nuit vers l’âge de deux ans. Jusqu’à ce jour, elles dormaient ensemble dans le même lit. Elles étaient inséparables comme bien souvent les jumeaux, et se ressemblaient comme deux gouttes d’eau. Pour remédier à cet état que la mère de famille n’appréciait pas, elle avait convaincu son mari de leur acheter un lit à chacune ainsi que des gardes robes bien différentes pour pouvoir les reconnaître plus facilement. La seule concession de la mère fut que les filles continuent à faire chambre commune pour éviter les terreurs nocturnes. Les filles s’endormaient souvent la main dans la main. Le contact de l’autre était primordial pour elles.
 
Madame Rosenfel, les mains tremblantes, hésitait devant la porte fermée. Devait-elle prévenir son mari ? Non, il allait la prendre pour une folle. Elle choisit de ne rien dire et ouvra. Le sans reflua de son visage. Les lits étaient vides. Les draps étaient dispersés sur le sol. Du verre brisé se trouvait de devant la fenêtre. Plusieurs jouets étaient cassés. Mais le plus inquiétant, des gouttes de sans avaient étaient répandues sur la moquette blanche de la chambre. Le hurlement déchirant réveilla le mari en sursaut. Il accouru auprès de sa femme qu’il trouva prostrée au milieu de la chambre, les peluches préférées de ses filles serrées entre ses mains. Elle était en état de choc, les yeux hagards. Il ne peut que constater lui aussi l’effroyable disparition des prunelles de ses yeux, ses deux jumelles de sept ans. Deux ravissantes enfants blondes comme les blés, aux grands yeux bleus et à la frimousse attendrissantes.
 
Le père agit comme un automate. Au prix de beaucoup d’effort, il parvint à ce que sa femme se relève et qu’elle sorte de la pièce. Il l’accompagna dans leur propre chambre et l’allongea dans le lit en compagnie des deux peluches qu’il n’avait pas réussi à lui faire lâcher. Puis, il descendit en courant l’escalier que sa femme avait remonté quelques instants plus tôt. Il appela les secours.
 
Ce fut le branle bas de combat. Les premiers policiers arrivèrent dans les minutes qui avaient suivies la constatation des parents. La maison fut sécurisée et tenue hors de portée des badauds et des journalistes qui ne tarderaient pas à arriver sur les lieux. Le périmètre fut entièrement bouclé. Aucune personne extérieure à l’enquête n’était autorisée à franchir le cordon de sécurité. Plusieurs agents y veillaient.
 
La horde de policiers et techniciens de scènes de crimes fit son apparition dans la grande maison du couple. Le rez-de-chaussée subit la première vague de vérification. Toutes les entrées furent contrôlées, aucune effraction ne fut constatée à ce niveau. Le système d’alarme fut vérifié. Il était branché quand les parents étaient allés se coucher la veille au soir. Les malfaiteurs avaient neutralisé l’alarme de l’extérieur.
 
Pendant que la maison était retournée consciencieusement, les enquêteurs interrogèrent les parents à l’abri dans le petit salon de la grande maison. Le témoignage du couple était primordial. La mère de famille ne put être interrogée dans l’immédiat. Aucun son ne parvenait à sortir de sa bouche. Elle semblait pétrifiée.  Le père de famille répondit aux questions posées comme il le put étant donné les circonstances. Il était en colère. Il n’avait rien entendu, et se sentait coupable de n’avoir pu empêcher l’enlèvement de ses filles sous son propre toit.
 
Une fois le rez-de-chaussée inspecté dans les moindres détails, les techniciens montèrent à l’étage. La chambre des enfants fut inspectée, chaque indice prélevé, numéroté, photographié. Les premières constatations révélèrent que la fenêtre de la chambre avait été brisée de l’extérieur. Les individus étaient entrés par cet accès, cela ne faisait aucun doute. Des traces sur le chambranle de la fenêtre leur permis de constater que les individus avaient posé une échelle contre le mur, les montants avaient frotté contre le bois, écaillant la peinture à l’endroit où elle était posée. La chambre n’était que chaos. Les draps avaient été jetés par terre. Des traces de sang avaient été retrouvées sur la moquette mais également sur les draps d’une des fillettes. De faibles quantités laissant penser que les fillettes s’étaient débattues au moment de l’enlèvement. Des empreintes furent trouvées sur le chambranle, sur le mur, les vitres, les deux lits. Une trace de main ensanglantée se trouvait à quelques centimètres de la fenêtre. Un des individus s’était peut-être blessé en brisant la vitre. 
 
En faisant le tour de la maison, les enquêteurs avaient trouvées des traces de pas sous la fenêtre, ainsi que des mégots de cigarette. Les kidnappeurs, selon les premières hypothèses, avaient dû attendre à cet endroit que toutes les lumières de la maison s’éteignent et que le silence règne avant d’agir. La police estimait qu’ils avaient enlevé les filles aux alentours de 2 heures du matin. Le père de famille n’était monté se coucher que vers minuit ce soir-là après avoir regardé le dernier journal de la soirée. Les malfaiteurs avaient attendu au moins deux heures avant d’agir estimant que le père pouvait dormir profondément. Pour eux, bien entendu, il ne pouvait s’agir d’un homme isolé. Deux petites filles avaient disparu. Un individu n’avait pu agir seul. Il avait fallu sortir les deux filles de la maison sans éveiller personne et notamment les filles elles-mêmes. Selon toute vraisemblance, un des individus était resté dans la chambre avec une des filles pendant que l’autre individu transportait la première. Tout cela n’était bien entendu qu’une supposition au début de l’enquête mais cela semblait cohérent. Ce qui ne semblait pas cohérent était par contre le fait que personne n’ait rien entendu dans la maison vu l’état de la chambre des fillettes. Le père souffrait parfois d’insomnies. Cette nuit là, il avait pris des somnifères pour l’aider à l’endormissement. La mère quant à elle avait toujours eu un sommeil profond. Son mari disait souvent que même un tremblement de terre ne serait pas parvenu à la sortir de son état semi comateux. Ils en rigolaient souvent. Le père beaucoup moins quand les jumelles étaient bébés et qu’il fallait se lever la nuit pour les nourrir, les changer et parfois les bercer jusqu’aux premières lueurs de l’aube. Mais ce temps était révolu. Les malfaiteurs avaient donc eu de la chance…
 
Les minutes parurent des heures pour les parents. Les inspecteurs les harcelaient de questions. Avaient-ils des ennemis ? Etaient-ils riches au point de pouvoir payer une rançon ? Avaient-ils été suivis ? Avaient-ils fait des rencontres récemment ? Les réponses étaient invariablement les mêmes. A chaque question, les parents déboussolés répondaient par la négative. Qui avait bien pu enlever leurs fillettes ? Elles étaient si gentilles, si adorables. Ils ne comprenaient pas.
 
Les enquêteurs devaient au plus vite déterminer le mobile de cet enlèvement. Le plus évident était l’argent. Sans être riche à millions, la famille Rosenfel vivait confortablement. Le père de famille était un homme d’affaires respecté. Un chef d’entreprise dans une société de construction. Il était le patron d’une centaine de salariés, et ses carnets de commande étaient pleins pour les prochaines années à venir. Plusieurs chantiers importants devaient voir le jour et notamment la construction du nouvel hôpital de Marseille. Son entreprise avait remporté l’appel d’offre et le marché était très juteux. Il y avait fort à parier que les ravisseurs avaient eut vent des rentrées d’argent considérables de la famille et qu’une demande de rançon serait réclamée dans les prochaines heures par les ravisseurs. Pour les enquêteurs cela coulait de source. Ils ne voyaient surtout aucun autre mobile vraisemblable.
 
La famille était bien intégrée dans son quartier. L’enquête de voisinage avait montré qu’il s’agissait d’une famille sans histoire, qui vivait dans un quartier tranquille. Les voisins n’avaient pas à se plaindre de cette famille, toujours présente pour les autres. Le père de famille aurait pu avoir quelques ennemis potentiels dans le monde professionnel. Rafler un marché aussi important que celui de l’hôpital qui se chiffrait en millions d’euros avait pu créer des rivalités avec les autres entrepreneurs de la région mais pas de là à sacrifier la famille d’un concurrent. C’était le jeu de l’offre et de la demande. L’entreprise qui avait le mieux respecté le cahier des charges au meilleur coût avait remporté le marché. Il n’y avait aucun soupçon de fraude dans l’attribution de ce marché comme il pourrait y en avoir pour d’autres attributions. Tout était clair. La police avait enquêté auprès des concurrents bien évidemment, certains étaient mécontents mais il y avait d’autres succès à remporter.
 
Si sur le plan professionnel, il n’y avait aucun mobile plausible, il en était de même sur le plan personnel. Le couple était très uni. La mère de famille était enseignante dans une école primaire de la ville. Les enfants étaient scolarisées dans le même établissement en classe de CE1. Leur parcours scolaire était sans encombre. Tout le monde appréciait la mère pour son implication personnelle dans son travail qui était reconnu tant par la communauté éducative que par les parents d’élèves. Ses collègues étaient unanimes, la mère était la douceur même. Ils ne lui connaissaient aucun ennemi, aucune difficulté dans son métier. Elle avait eu quelques altercations avec certains parents, mais cela était resté très courtois, et les problèmes avaient été résolus assez facilement par l’enseignante.
 
La seule piste restant semblait donc bien être la piste de l’argent.
 
Des écoutes téléphoniques furent mises en place au domicile de la famille dès le matin de l’enlèvement. Plusieurs personnes se relayaient pour attendre l’appel ! Plusieurs membres de la famille arrivèrent pour soutenir le couple dans cette épreuve ainsi que des amis du mari et des collègues de la femme. La maison fut vite envahie mais la police pria tout ce beau monde de rentrer chez eux. Cette situation était déjà difficile à gérer sans avoir en plus dans les pattes, des donneurs de leçon qui voulait expliquer aux policiers comment faire leur métier. Petit à petit chacun rentra chez lui. Seule la famille très proche du couple, les parents de la femme furent autorisés à rester vu l’état de fragilité de la mère de famille qui restait cloitrée dans sa chambre toute la journée.
 
La première journée fut très éprouvante pour le couple. Chaque appel faisait tressaillir le père de famille qui décrochait, le cœur palpitant. La mère sortait de sa chambre en courant en espérant apprendre une bonne nouvelle. Mais souvent, il s’agissait de proches voulant leur assurer leur soutien. Chaque fois la mère de famille retournait dans sa chambre plus abattue que jamais. Ils n’avaient jamais eu à faire face à une telle angoisse.
 
La situation resta bloquée. La demande de rançon tant espérée par la police pour conforter leur hypothèse n’arriva jamais. Les enquêteurs durent rapidement se rendre à l’évidence : le mobile le plus crédible n’était pas le bon. Ils avaient raté quelque chose.
 
La fouille dans le passé de la famille repris de plus belle, sans succès. Le couple n’avait rien à se reprocher. Il fallait chercher ailleurs mais où ? Les suspects manquaient. Ils n’avaient aucune piste. Alors la piste s’orienta vers le crime sordide, gratuit. Ils angoissaient d’heures en heures. Les enquêteurs tressaillaient quand un cadavre était retrouvé. Mais il ne s’agissait jamais des petites filles. Il y avait un espoir qu’elles soient encore vivantes. Leurs chances de survie des fillettes s’amenuisaient au fur et à mesure des heures qui défilaient. Les enquêteurs le savaient. Les premières heures étaient décisives. Les parents, eux, se refermaient sur eux-mêmes. Ils refusaient maintenant de communiquer avec qui que ce soit à part les enquêteurs. L’ambiance dans la maison était étouffante, angoissante. Il ne manquait qu’une étincelle pour mettre le feu aux poudres.
 
De nouvelles pistes firent leurs apparitions. Les délinquants sexuels furent recensés, interrogés sur leurs emplois du temps. Ils durent fournir des alibis crédibles pour la nuit de l’enlèvement. Les interrogatoires étaient musclés. Les enquêteurs étaient à bout de nerf. Mais rien ne sorti. Aucun d’entres-eux n’était coupable. Il fallait une nouvelle fois tout reprendre à zéro.
 
Et puis, après plusieurs jours sans nouvelle, une nouvelle piste sérieuse émergea enfin. Une femme au comportement suspect avait attirait l’attention de plusieurs commerçants du centre ville. Elle s’était présentée pour acheter des habits identiques pour deux fillettes mais elle ne connaissait pas la taille des enfants. Elle prit plusieurs articles de tailles différentes. Il en fut de même dans un magasin de chaussures. La femme acheta plusieurs paires dans différentes tailles. Elle demanda beaucoup de conseils sur les gouts des petites filles. C’était quelques jours avant l’enlèvement des enfants Rosenfel. Les commerçants avaient trouvé cela très suspect sur le coup mais n’avaient pas informé la police de ces agissements. Peut-être s’agissait-t-il d’une amie d’une femme qui achetait des habits pour des connaissances ou peut-être dans le cadre d’une adoption. Mais à l’annonce de l’enlèvement, les langues s’étaient déliées surtout dans le climat de la ville. Chacun priait pour le retour des fillettes.
 
Par chance, les magasins étaient équipés de caméras de surveillance. La femme fut filmée à son insu. Aucun des deux commerçants ne l’avait jamais rencontrée. Ils s’en seraient souvenus. Cette piste était des plus intéressantes. Ils diffusèrent le portrait de la femme dans la presse puis au journal télévisé. Un témoin se manifesta enfin et la femme finit par être identifiée. Il s’agissait d’une femme d’une quarantaine d’années qui résidait dans la commune. Après une rapide enquête sur cette femme au comportement si étrange, les enquêteurs apprirent qu’elle souffrait de problèmes psychologiques. Elle avait beaucoup souffert suite à la disparition de son mari et de ses deux filles, des jumelles dans un terrible accident de la circulation quelques années plus tôt. D’après ses voisins, elle ne s’en était jamais remise. Elle était restée seule pendant un ou deux ans, à errer dans la ville comme une âme en peine. Et puis, elle avait rencontré quelqu’un au hasard de ses pérégrinations. Elle s’était mise en couple depuis quelques temps avec un routier. Il était souvent sur les routes du fait de son travail. Ils avaient essayé d’avoir un nouvel enfant, sans succès. Et puis, la femme avait commencé à délirer. Elle invectivait les gens dans la rue, accusant tout un chacun de l’accident de ses filles. Elle avait été arrêtée à plusieurs reprises pour vandalisme. La femme et son compagnon habitait dans un modeste pavillon d’un étage dans un quartier tranquille. Pour les voisins, à part les problèmes psychiatriques de la femme, c’étaient des gens biens qui essayaient de survivre comme beaucoup de monde.
 
Fort de ces renseignements, la police avait posté des hommes devant la maison des suspects. Après quelques heures de surveillance, ils avaient aperçu la tête blonde d’une des fillettes par une des fenêtres donnant sur la rue ce qui avait conforté leur position. Ils étaient bien en présence des kidnappeurs et une des fillettes avait été repéré ce qui était bon signe pour la survie des deux enfants.
 
Toute la journée la surveillance avait continué. Les hommes s’étaient relayés et une caméra thermique avait été amenée sur place pour savoir combien de personnes se trouvaient à l’intérieur de l’habitation. Ils en comptaient trois, alors qu’ils auraient dû être quatre. Soit il manquait une des filles soit il manquait l’homme. La femme ayant été vue, et n’étant pas sortie du domicile de la journée, cela ne pouvait pas être elle qui était absente. La surveillance se poursuivait à distance. La police ne voulait pas être remarquée pour l’instant. Ils attendaient pour jauger la situation. La vie des deux petites filles dépendait de leur attitude, surtout avec les problèmes psychologiques de la ravisseuse. Ils ne pouvaient pas savoir qu’elle serait sa réaction quand les hommes pénétreront dans la maison.
 
Ils avaient décidé de procéder à des négociations. Ils devaient absolument établir le dialogue avec la femme pour lui faire entendre raison. Ils avaient bien essayé de joindre les ravisseurs mais il n’y avait aucun téléphone fixe dans la maison et ils n’avaient trouvé aucune trace de téléphone portable au nom des suspects. Le négociateur avait tenté une approche plus directe à l’aide d’un hygiaphone mais sans succès. Personne n’avait répondu aux diverses sollicitations. Le plan était donc simple : ils allaient repérer les corps et pénétrer dans la maison pour récupérer les filles. C’était dangereux car ils ne connaissaient pas les intentions des ravisseurs mais ils n’avaient pas d’autres choix. Plus ils attendaient et plus ils risquaient de trouver des cadavres maintenant que les ravisseurs savaient qu’ils avaient été localisés. Ils attendaient juste le bon moment pour agir. Avant que les formes des corps disparaissent des écrans, la police avait fait appel aux hommes du RAID en prévision de l’assaut. Ils prévoyaient de pénétrer dans la maison s’ils ne parvenaient pas à établir un contact.
 
Une demi-heure plus tard, les hommes du RAID, cagoulés, habillés de noir et armés jusqu’aux dents avancèrent en file indienne jusque devant le domicile. A l’aide d’un bélier, ils défoncèrent la porte d’entrée et pénétrèrent dans la maison.

 
 
 



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